La prise de risque est-elle nécessaire pour un patrimoine plus performant ?

Un regard sur...

Avec la hausse récente de leurs rendements, les investisseurs s’intéressent de nouveau au livret A et aux fonds en euros du contrat d’assurance-vie. Mais, à l’aune d’une période inflationniste inédite depuis quarante ans, le rendement nominal de ces supports d’investissements ne doit pour autant pas leurrer l’épargnant. Avec une performance réelle négative, ce dernier ne pourra se satisfaire de ces deux produits et devra accepter une part de risques pour dynamiser son patrimoine et préparer l’avenir. 

Livret A, un rendement positif de façade

Le livret A affiche une santé de fer avec une collecte record en janvier de 9,27 Mds€ [1], contre 6,25 Mds€ le même mois l’année dernière, du jamais vu depuis 2009. Le rehaussement progressif de son taux sur l’année 2022 et le passage à 3 %, décidé par l’État depuis le 1er février 2023, a sans doute grandement contribué à ce succès, de même qu’un environnement d’incertitudes économiques et géopolitiques qui peut inciter les investisseurs à la prudence et à la constitution d’une épargne de sécurité. 

Régulièrement positionné dans le top 3 des « placements préférés des Français », le livret A dispose de trois avantages : la liquidité, la garantie du capital et une fiscalité nulle sur les intérêts. Ce livret réglementé, plafonné à 22 950 € (hors intérêts), est d’une grande simplicité : 55 millions de Français, soit plus de 80 % de la population (un seul livret possible par personne), en possèdent un. Ses avantages sont toutefois ternis lorsque l’on considère l’inflation. En effet, le taux nominal du livret A ne suffit pas à battre une inflation qui atteint 5,9 % en glissement annuel en 2022 [2]. En termes réels, l’inflation grignote ainsi cette performance qui apparaît dès lors comme négative, et ce, d’autant plus que le taux nominal moyen annuel sur 2022 aura été de 1,375 % (le taux ayant été rehaussé de 0,5 % à 1 % à partir de février puis doublé depuis août dernier).

Le rendement réel du livret réglementé s’établit donc à -4,2 % et les investisseurs oublient souvent cette composante mathématique pénalisante.

Le rendement réel [du livret A] s’établit donc à -4,2 % et les investisseurs oublient souvent cette composante mathématique pénalisante.

Des fonds en euros qui s’apprécient, sans rivaliser avec l’inflation

Placements également très appréciés et éléments phares des contrats d’assurance-vie, les fonds en euros reprennent des couleurs avec la hausse des taux d’intérêt. Liquidité et garantie du capital net des frais de versements et de gestion sont, au même titre que pour le livret A, des atouts dont bénéficient les investisseurs positionnés en fonds en euros. Sur le plan fiscal, les retraits bénéficient des avantages de l’assurance-vie, en fonction de la date d’ouverture du contrat.

Investis en grande partie en obligations d’État, les assureurs ont limité l’accès aux fonds en euros ces dernières années dans un contexte de taux bas, voire négatifs, au profit des supports en unités de compte (UC). Il n’en demeure pas moins que 74 % des encours totaux de l’assurance-vie sont libellés en fonds en euros, avec 1 370 Mds€ [3]. Si leur performance varie d’un émetteur à l’autre, la moyenne tournerait aux alentours de 1,8 % sur 2022 [4]. Cette appréciation du rendement rend les fonds euros plus attractifs et après des années compliquées, les assureurs devraient pouvoir assouplir l’accès à ceux-ci. Toutefois, la performance réelle reste négative au regard de l’inflation, et est tributaire de la politique des banques centrales vis-à-vis des taux d’intérêt.

Un inéluctable couple rendement/risque pour un patrimoine dynamique

La France est régulièrement classée en tête de liste des pays dont les ménages épargnent le plus [5]. Avec un taux d’épargne de 15,9 % à fin 2022 [6], l’incertitude semble accentuer ce comportement. Pour autant, le dernier baromètre du Cercle des Épargnants : les Français, l’épargne et la retraite [7] – qui mesurait notamment l’impact de la hausse des taux d’intérêt sur leur stratégie d’épargne – nuance quelque peu ce propos. En effet, 33 % des sondés se déclaraient prêts à épargner sur des placements plus rémunérateurs, mais peu liquides, dans un tel contexte de hausse des taux d’intérêt. Une quête qui ne peut s’envisager sans une prise de risque, là où paradoxalement, une majorité des sondés considèrent le livret A comme étant « le meilleur produit d’épargne pour la retraite » devant l’assurance-vie, ou encore le plan épargne retraite (PER) pourtant conçu spécialement dans cette optique.

33 % des sondés se déclaraient prêts à épargner sur des placements plus rémunérateurs, mais peu liquides, dans un tel contexte de hausse des taux d’intérêt.

Un placement sans risque et avec un rendement réel positif n’existe pas. Fort de ce constat, le rôle du conseiller en gestion de patrimoine (CGP) à l’égard de son client est ici majeur : en jaugeant l’appétence au risque de ce dernier, il pourra lui proposer des solutions diverses, plus dynamiques, et qui peuvent notamment contrecarrer l’effet négatif de l’inflation : des supports en UC dans l’assurance-vie, adaptées à tous les profils de risques, un PER individuel ou d’entreprise, de la pierre-papier pour une exposition à l’immobilier, ou encore des produits structurés pour allier une part de garantie avec une grande souplesse taillée selon les besoins de l’investisseur. Les solutions existent, mais les investisseurs doivent être aiguillés vers celles-ci. À cet égard, une réflexion de la part des CGP sur la pédagogie du risque est parfois opportune.

Enfin, la diversification – qu’elle se fasse en termes de supports financiers ou de montants alloués à ceux-ci – reste clef pour un patrimoine solide, et les CGP ont à leur disposition tous les outils nécessaires pour proposer celle qui conviendra à leur client.   


Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.

L’organisme assureur ne s’engage que sur le nombre d’unités de compte, mais pas sur leur valeur. La valeur de ces unités de compte, qui reflète la valeur d’actifs sous-jacents, n’est pas garantie mais est sujette à des fluctuations à la hausse ou à la baisse dépendant en particulier de l’évolution des marchés financiers. 

Mars 2023 – ER23/FCR0081